Tu sens qu’une personne de ton entourage ne semble pas bien aller ou n’est pas comme d’habitude ? Peut-être que tu crains pour sa sécurité, ou encore, tu veux simplement l’accompagner dans une période difficile pour qu’elle puisse avoir accès à des ressources professionnelles si elle le souhaite. Voici quelques informations ainsi que des outils qui pourront te guider pour accompagner une personne qui vit des difficultés.

Comment parler de suicide avec un.e proche?

Parler de suicide n’est pas toujours facile, mais la seule façon de savoir si une personne a des idées suicidaires, c’est de lui poser la question directement. En le faisant, tu n’as pas à craindre de l’encourager à passer à l’acte. Bien au contraire, la personne pourrait se sentir soulagée de se confier sur ses intentions, si tel est le cas.

Si tu te sens à l’aise d’avoir un premier échange avec la personne, voici une approche qui te permettra d’aborder la question et de l’accompagner afin d’identifier le service d’aide le plus approprié à sa situation.

  1. Établir un climat de confiance et choisir un bon moment pour aborder le sujet.
  2. Exprimer tes inquiétudes
  3. Encourager la personne à te parler de ce qu’elle vit actuellement.
  4. Demander de clarifier ses propos inquiétants.
  5. Demander si ce qu’elle vit l’amène à penser au suicide. Ex. « Est-ce que c’est parfois tellement difficile que tu penses à mourir? » ou « Est-ce que ça fait mal au point où tu penses à t’enlever la vie? »

N’hésite pas à visiter cette page web pour plus d’informations sur la manière d’aborder ces questions délicates.

Quels sont les signaux auxquels porter attention si tu t’inquiètes pour la santé mentale de ton proche?

Plusieurs signes peuvent soulever des inquiétudes. Est-ce que la personne …

  • Délaisse ses ami.es et s’isole de plus en plus?
  • Manifeste des signes aigus de tristesse ou pleure sans arrêt?
  • Éprouve des problèmes de sommeil? Confond le jour et la nuit?
  • Mange de moins en moins ou, au contraire, tout le temps?
  • Modifie ses habitudes de consommation d’alcool ou de drogues?
  • Cherche ses mots, s’exprime difficilement et parle de façon incompréhensible?
  • A de la difficulté à se concentrer pour écouter la télévision, un film ou lire un livre?
  • Oublie de faire ses tâches quotidiennes?
  • N’est pas capable de suivre une conversation et semble complètement absente?
  • Entend des voix ou voit des choses que tu n’es pas en mesure d’entendre ou de voir?
  • Agit bizarrement, se sent épiée et surveillée?

 

Si tu observes plus d’un changement important au niveau des comportements, des émotions et du jugement de la personne, il y a lieu d’aborder la situation avec elle.

Des astuces pour communiquer avec un.e proche qui vit des difficultés personnelles

Il est normal de ne pas être certain.e de savoir comment faire, car discuter de santé mentale et de difficultés personnelles peut provoquer de l’inconfort, de la nervosité ou de l’embarras chez certaines personnes. Bien qu’il ne soit pas nécessaire d’être un.e intervenant.e pour aborder ce type de situation, il est toutefois bien de se préparer. Voici quelques conseils.

Rester calme. Si tu es dans l’émotion, tu pourrais avoir de la difficulté à penser clairement. Pour mettre tes idées en place et pour bien communiquer ton message, tu peux aussi écrire préalablement ce que tu souhaites dire.

Partager tes observations sans jugement. Garde en tête qu’il est possible que la personne ne se soit pas rendu compte qu’elle a changé ou bien qu’elle pense peut-être que son entourage ne s’en est pas aperçu. Parle de ce que tu constates et de ce que tu ressens. Tu peux lui dire: « J’ai remarqué « X » depuis que « Y » s’est produit. Je tiens à toi et ça m’inquiète de te voir dans cet état. Est-ce que tu souhaites en parler? »

Accueillir les émotions. Ne nie pas les émotions que la personne te partage, celles-ci sont bien réelles. Évite de lui faire la morale ou de lui dire qu’elle n’a qu’à se changer les idées et que ça va passer. Ça ne servirait qu’à mettre de la pression ou à alimenter un sentiment de honte, ce qui pourrait l’amener à se refermer.

Rassurer. Sans banaliser, tu peux valider qu’il est normal de se sentir comme cela. Rappelle-lui qu’il existe des solutions et de l’aide pour passer au travers d’une période difficile et que tu peux l’accompagner pour en trouver.

Encourager la recherche de soutien. Bien que tu aies amorcé la discussion, tout le soutien offert ne doit pas reposer uniquement sur toi. Cherche à établir un filet de sécurité avec ton proche et à mettre tes limites en affirmant « Je ne me sens pas suffisamment équipé.e pour te soutenir seul.e dans la situation ». Tu peux aussi lui demander : « Est-ce que ça t’aiderait de parler à un.e professionnel.le de ce qui se passe? » ou encore « Est-ce qu’il y a un membre de ta famille ou un.e ami.e avec qui on pourrait en parler? »

Discuter de la situation avec une autre personne que votre proche respecte et avec qui il a un bon lien. Peut-être qu’elle aura aussi remarqué des changements, apportera un regard complémentaire ou sera en meilleure position pour aborder la situation avec la personne. Au besoin, valide l’accord avec ton proche avant de procéder.

Trouver un mode de communication qui facilite la discussion sur des sujets plus tendus ou délicats. Pour une personne, il peut s’agir d’envoyer des SMS le soir ou encore d’aller se promener ou prendre un café.

Offrir une aide pratique. Pour renforcer votre lien et pour que la personne sente qu’elle peut compter sur toi, il peut être souhaitable de miser sur les services que tu peux lui rendre qui ne sont pas uniquement de l’ordre de la discussion. Par exemple: fixer des rendez-vous, trouver des services ou l’accompagner dans ses commissions.

Prends aussi soin de toi

Il n’est pas toujours facile de savoir comment agir ou quoi dire pour aider adéquatement les autres sans s’épuiser. Sache aussi qu’il peut être exigeant de soutenir ou de s’inquiéter pour quelqu’un sur une longue période, d’autant plus lorsqu’il y a cohabitation. Il n’y a pas de mal de prendre un peu de recul et d’obtenir de l’aide pour toi dans le processus. Cela ne signifie pas que tu te retires de la situation: pour être en mesure de prendre soin de l’autre, tu dois aussi prendre soin de toi!

Dans tous les cas, même si tu as le sentiment de ne pas en faire assez pour la personne, rappelle-toi que la meilleure manière de soutenir est d’offrir une écoute.  À moins que la sécurité de la personne soit en danger – dans ce cas, demande un soutien immédiat – il est important de respecter ses souhaits quant à l’aide qu’elle souhaite recevoir. Tu ne peux pas imposer ton soutien, de même que tu ne peux pas l’obliger à choisir un traitement ou à te divulguer le contenu de l’échange avec son médecin. Si tu agis ainsi, ta relation avec la personne et sa confiance pourraient être affectées et ce n’est pas ce que l’on souhaite.

Quoi faire lorsqu’une personne te partage ses intentions suicidaires et que tu crains pour sa sécurité ?

Propose-lui de l’accompagner à l’hôpital le plus près. Si elle refuse, contacte les services d’urgence (911) et n’hésite pas à entrer en communication avec le Centre de prévention du suicide au 1-866-APPELLE pour te soutenir dans la gestion de la situation.

Si tu ne crains pas pour la sécurité de la personne, mais que tu souhaites l’aider :

Contacte un.e intervenant.e pour lui partager la situation et connaître les services qui pourraient être offerts à la personne. Tu peux contacter ici aussi le Centre de prévention du suicide au 1-866-APPELLE ou Info-Social au 811.

À RETENIR

  • Plus les détails du passage à l’acte sont précis (la manière, l’endroit et le moment) et plus le moment prévu pour ce geste est rapproché, plus il y a urgence d’intervenir.
  • Tout ne repose par sur toi. Évaluer le risque suicidaire est une tâche complexe qui nécessite le soutien d’un.e professionnel.le.
  • Tu n’as pas à rester dans l’inquiétude et l’impuissance. Tu n’es pas dans l’obligation d’accepter de garder ce dévoilement en secret.
  • Tu ne regretteras jamais d’avoir pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de ton proche.

Références

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Association québécoise de prévention du suicide. Suicide.ca : Aider, informer et prévenir le suicide au Québec

Here to help (2021). Helping a Friend You’re Worried About

Association canadienne pour la santé mentale. Comment obtenir de l’aide

CAP Santé mentale. Le comportement de votre proche vous inquiète?

Crédits

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Contribution à l’article : Isabelle Queval, psychologue

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