Peut-être as-tu déjà été la cible ou témoin d’une situation où une autre personne s’est fait intimider en raison de son apparence, son poids, son expression de genre, son origine ou un handicap physique ou intellectuel? Les différences qui nous entourent sont une source précieuse de richesse, de diversité culturelle et de perspectives variées, mais elles restent malheureusement parfois la cible de comportements intimidants ou discriminatoires. Sache que ce type d’expérience peut entraîner des conséquences néfastes sur la santé mentale et qu’il importe d’agir rapidement.

L’INTIMIDATION

L’intimidation est un comportement (geste ou parole) répétitif, adopté en personne ou dans le cyberespace, qui vise à effrayer, humilier ou blesser une personne pour établir un rapport de force. Différentes formes d’intimidation peuvent survenir dans tous les milieux, incluant les milieux d’enseignement supérieur.

  • Intimidation verbale : Tenir des propos blessants envers une autre personne dans le but d’avoir du pouvoir sur elle. On parle ici d’insultes ou de mauvaises blagues qui visent à diminuer ou embarrasser l’autre, comme des commentaires sur son habillement, son orientation sexuelle ou ses croyances religieuses.
  • Intimidation sociale : On parle d’intimidation sociale lorsqu’une personne tente d’en embarrasser une autre devant des gens pour diminuer son statut social, que ce soit en répandant des rumeurs, ou en montant les autres membres d’un groupe contre la victime.
  • Cyberintimidation : La cyberintimidation consiste à utiliser les textos, les médias sociaux ou la technologie pour blesser ou menacer une personne. Cela peut inclure insulter ou partir des rumeurs sur quelqu’un en ligne, partager des photos sans son consentement ou se faire passer pour une autre personne pour obtenir des informations personnelles et les utiliser contre elle. Il ne faut pas oublier que les partages privés et publics permettent à l’information de demeurer sur le Web même après la période d’intimidation. Il peut y avoir une atteinte à la vie privée et cela peut générer un fort sentiment d’injustice et d’impuissance.
  • Violence physique : La violence physique désigne un contact physique visant à blesser quelqu’un ou à lui causer des souffrances physiques ou lésions corporelles. Frapper une autre personne en lui donnant des coups, la pousser, la bousculer ou lui cracher dessus, dans l’objectif de lui faire peur ou d’avoir du pouvoir sur elle sont des exemples de violence physique.

À retenir : Ne banalisons pas certaines formes d’intimidation. Elles peuvent toutes avoir des impacts négatifs sur la santé mentale et physique des victimes et de leurs proches. 

LA DISCRIMINATION

La discrimination, c’est lorsque des individus sont traités différemment ou sont dénigrés en raison de leurs caractéristiques physiques ou socioculturelles, que ce soit l’âge, la race, la culture, la religion, le mode de vie, le sexe, l’orientation sexuelle, un handicap physique, etc. La discrimination est généralement alimentée par des stéréotypes et des préjugés. Au Québec, toutes les formes de discrimination, qu’elles soient volontaires ou non, sont interdites par la Charte des droits et libertés de la personne. Trois formes de discrimination peuvent survenir.

  • La discrimination directe est effectuée de façon ouverte et avouée. Par exemple : refuser de louer un appartement à un.e étudiant.e international.e en raison son origine.
  • La discrimination indirecte se produit lorsqu’une règle, une norme, une politique ou une pratique qui paraît neutre s’applique également à toutes les personnes, mais qu’elle désavantage significativement une personne (ou un groupe) à cause de ses caractéristiques personnelles. Ce type de discrimination est plus subtil et parfois, la personne ou l’organisme qui applique ce genre de règle n’a pas l’intention de discriminer, mais il s’agit quand même de discrimination. Par exemple: un groupe organise fréquemment des activités sociales qui nécessitent des dépenses importantes qui ne sont pas financièrement accessibles à tous ses membres.
  • La discrimination systémique fait référence à des inégalités profondément ancrées dans les institutions, les lois, les politiques ou les pratiques sociales d’une société. Elle ne résulte pas forcément d’actes individuels intentionnels, mais plutôt de mécanismes structurels qui favorisent certains groupes au détriment d’autres, souvent sur la base de critères comme la race, le genre, la classe sociale ou l’origine ethnique. Par exemple: la sous-représentation des femmes et des personnes noires dans des secteurs d’emplois et dans des emplois de direction ou de gestion.

LES MICRO-AGRESSIONs

Les micro-agressions proviennent d’actes ou d’échanges subtils (ex. remarques, blagues ou questions) discriminatoires ou intimidants qui s’installent à partir de préjugés automatiques et non conscients. Ces comportements peuvent sembler banals ou se produire sans que la personne n’ait de mauvaise intention, mais ne sont pas moins blessants pour l’autre qui les reçoit. Produites de manière répétée, les micro-agressions peuvent induire un sentiment de rejet, de colère, de peine et, peuvent éventuellement mener au développement d’un trouble de santé mentale.

Exemples de comportements qui constituent des micro-agressions

  • Présumer qu’une personne ayant une couleur de peau noire vient d’un autre pays.
  • Faire des blagues sexistes.
  • Tourner en blague l’expérience ou le malaise ressenti dans l’objectif d’invalider l’autre.
  • Dire des mots discriminatoires envers les membres des communautés LGBTQ+ ou gens en situation d’handicap.
  • Juger de l’infériorité ou du niveau intellectuel d’une personne en se basant sur son appartenance à un groupe.

Exemples de phrases qui constituent des micro-agressions

  • Tu parles bien français pour quelqu’un comme toi !
  • Tu es certaine que tu veux faire ce métier ? C’est plutôt un domaine d’hommes.
  • Mais qui est l’homme et qui est la femme dans votre couple ?

Témoignage

Dans ce reportage sur la transophobie, tu découvriras l’histoire de Kloé qui a subi une agression à son école secondaire et comment toute la communauté s’est mobilisée en signe de solidarité. Cette histoire pourra t’inspirer à dénoncer et agir si tu vis de l’intimidation, que tu sois trans ou non, ou si tu es témoin d’une telle situation.

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LES EFFETS SUR LA SANTÉ MENTALE

Peu importe leur forme, leur ampleur et leur durée, l’intimidation, la discrimination et les micro-agressions peuvent avoir des conséquences psychologiques néfastes pour la victime. Chaque personne répondra différemment à la situation et aura à composer avec des conséquences psychologiques non négligeables.

Ce type de situation peut même laisser des cicatrices non visibles : les traumatismes. Il s’agit d’une réponse émotionnelle face à une expérience ou une série d’événements marquants. Cet état peut faire vivre de l’insécurité, de la détresse et de la peur. Il y a différents niveaux de traumatisme allant d’un état de stress aigu lié à un seul événement majeur au traumatisme complexe faisant suite à une exposition à des événements traumatisants de manière répétée.

Exemples de conséquences

  • Difficulté à se concentrer et perte d’intérêt
  • Isolement et difficultés relationnelles
  • Évitement de situations ou de lieux qui rappellent l’événement
  • Troubles de santé mentale: Troubles anxieux, troubles de l’humeur et dépression
  • Troubles du sommeil, troubles digestifs, maux de tête
  • Comportements autodestructeurs et abus de substances
  • Sentiment d’injustice
  • Diminution de la confiance et de l’estime de soi
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QUOI FAIRE EN CAS D’INTIMIDATION OU DE DISCRIMINATION ?

Si tu subis de l’intimidation, que tu connais quelqu’un qui en subit ou que tu en es témoin, l’important est d’en parler. Si tu agis, tu contribueras ainsi à mettre un terme plus rapidement à la situation et évitera que cela dégénère ou que les conséquences négatives soient encore plus importantes.

  • Confronte pacifiquement la personne qui intimide en mentionnant que ses agissements sont inappropriés et que tu souhaites que son comportement cesse.
  • Parle à quelqu’un de confiance qui t’aidera à trouver de l’aide. Ce peut être un.e enseignant.e, personne d’autorité, un.e conseiller.ère, un parent ou un.e ami.e ou un organisme. Voici des suggestions pour savoir à qui tu peux t’adresser :
  • Si tu le peux, joins toi à une association d’étudiant.es sur ton campus qui partagent la même réalité que toi. Cela permet de se sentir moins seule et de parler des difficultés vécues.

Tu souhaites réfléchir à tes propres comportements?

Si tu te reconnais dans les comportements ou gestes d’intimidation ou discriminatoire énumérés dans cet article ou que tu souhaites amorcer une réflexion à ce sujet, saches qu’il s’agit déjà d’une première étape. Voici quelques outils pour enrichir ta réflexion, en apprendre sur ce qui constitue une micro-agression, pour éventuellement reconnaître tes torts et, le cas échéant, t’excuser auprès des personnes blessées.


Un résumé de cet article est disponible au format PDF pour distribution ou impression.


Références

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Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (2023) La discrimination

Éducaloi. L’intimidation : la reconnaître et agir

Éducaloi. Cyberintimidation : les gestes interdits

Gouvernement du Québec (2023) Intimidation 

Jeunesse j’écoute (2022) Qu’est-ce qu’un traumatisme et comment y faire face ?

Crédits

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Illustration : Mario Fontaine

Contribution à l’article : Isabelle Queval, psychologue

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