L’estime de soi, c’est le regard positif ou négatif que l’on porte sur soi-même et l’appréciation qu’on fait de sa valeur ou de sa propre importance. L’estime peut toucher l’apparence physique, mais ce n’est pas uniquement ça. C’est aussi en lien avec le regard qu’on porte sur ses compétences, ses réussites scolaires, ses accomplissements sportifs ou professionnels, son statut social, etc. Ce regard se développe depuis l’enfance et évolue au fil des expériences tout au long de notre vie. La perception qu’on a de nous-même est aussi souvent influencée par le regard des autres et teinte notre bien-être, nos émotions et nos relations.
Les quatre piliers de l’estime de soi
Idéalement, on souhaite tendre vers une vision de soi qui est juste et fière de qui on est et de ce qu’on peut accomplir. L’estime de soi se construit à partir de :
- La confiance en soi qui constitue les compétences qu’on se reconnaît pour passer au travers des défis de la vie. Plus une personne se sent en sécurité, aimée et que ses besoins sont comblés, plus sa confiance va se développer et elle pourra sortir de sa zone de confort pour vivre de nouvelles expériences.
- L’identité qui représente la perception qu’on a de soi-même, de ses caractéristiques, ses capacités, ses besoins et ses sentiments. L’identité se développe à partir des échanges et des expériences vécus avec son entourage.
- Le sentiment d’appartenance qui se développe en faisant partie d’un ou plusieurs groupes (famille, ami.es, voisinage, programme d’étude ou association). Ce sentiment s’exprime par le fait qu’on sent qu’on peut contribuer à ce groupe et qu’on s’attache aux personnes avec qui on partage une même réalité ou des objectifs communs.
- Le sentiment de compétence qui représente le fait d’être motivé.e à réaliser des défis réalistes pour soi et avoir confiance que c’est possible de réussir. Ce sentiment d’efficacité se développe en vivant diverses expériences qui amèneront des apprentissages.
L’estime de soi et l’image corporelle
L’image corporelle, c’est la perception qu’on a de son apparence physique, de ce que l’on croit projeter et la manière de se sentir dans son corps. Certaines personnes relient fortement leur estime à leur image corporelle et entretiennent un discours sévère envers leur corps.
Être constamment dans l’insatisfaction de son image corporelle peut générer son lot de problèmes psychologiques, physiques et relationnels, et dans certains cas, mener au développement d’un trouble des conduites alimentaires. Il peut être très difficile de vivre chaque jour avec une petite voix intérieure insatisfaite et exigeante qui nous compare à des idéaux … qui n’existent même pas! Si tu sens que ton rapport à ton image et à la nourriture prend trop de place dans ta vie et affecte ta santé, il est important d’aller chercher du soutien dès que les premiers signes se manifestent.
L’estime de soi et le sentiment de compétence
Très répandus en enseignement supérieur, des étudiant.es pourtant très performant.es, doutent continuellement d’eux et craignent qu’on découvre qu’ils sont incompétent.es ou moins intelligent.es que les autres malgré leurs réussites. C’est ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur. Ces personnes ont généralement une faible estime de soi et ont tendance à :
- Attribuer leur réussite à la chance ou à un bon moment plutôt qu’à leurs compétences.
- Travailler extrêmement fort ou se mettre une pression malsaine sur les épaules.
- Nier leurs compétences et refuser les compliments.
- Avoir l’impression d’être inadéquat.e et ne pas avoir de sentiment d’appartenance.
Ce type de comportement est aussi plus courant chez des étudiant.es de première génération, car ces personnes évoluent dans un environnement académique dont ils maîtrisent moins les codes et les attentes implicites. Sans modèle familial ayant suivi un parcours similaire, ils peuvent ressentir de la pression, ou un fort décalage avec leurs pairs et douter de leurs compétences à poursuivre et réussir des études supérieures.
Stratégies pour se libérer du syndrome de l’imposteur
- Reconnaître tes pensées et tes émotions : Les nommer pour les approvoiser
- En parler : Reconnaître que tu n’es pas seul.e et que le phénomène de l’imposteur est répandu.
- Contrer les pensées négatives : Souligner tes réalisations, célébrer tes réussites et voir clairement tes forces autant que tes habiletés à développer.
- Recadrer :
- Comprendre comment les inégalités systémiques peuvent induire le sentiment d’imposteur
- Élargir ta compréhension du phénomène pour être moins centré sur soi
- Te concentrer sur l’obtention de retombées positives plutôt que tenter d’éviter des retombées négatives.
- Se relier aux autres
- Communiquer avec tes collègues ou ses pairs pour parler de ces difficultés
- Rechercher des modèles à suivre et du mentorat.
Comment renforcer l’estime de soi?
L’estime de soi n’est pas figée dans le temps et il y a des jours où c’est moins facile. C’est normal de ne pas s’aimer tout le temps! Tu peux aussi t’aimer tout en souhaitant t’améliorer. Cela dit, certains signes peuvent indiquer que ton estime gagnerait à être cultivée. C’est le cas, par exemple, si tu te préoccupes beaucoup de ton image, tu as l’impression d’être exclu.e ou différent.e des autres, tu tolères mal la critique ou tu restes dans des situations dans lesquelles tu n’es pas bien.
La bonne nouvelle, c’est que l’estime de soi, ça se travaille! Par contre, cela n’arrive pas du jour au lendemain et c’est une construction qui peut prendre son temps.
On te suggère ici quelques clés pour entretenir un discours bienveillant envers toi-même et ne pas être trop critique. Ce n’est pas magique, mais de te rappeler ces éléments quotidiennement peut t’aider à tendre vers l’acceptation de ta personne dans sa globalité.
- Tu as le droit d’être fièr.e de toi. Mise sur tes forces, célèbre tes bons coups et accepte les compliments.
- Reste toi-même dans ta façon de te présenter aux autres. Bien qu’il puisse y avoir un écart entre ce que tu es et ce que tu voudrais être, c’est d’abord en acceptant qui tu es vraiment et en te présentant avec tes forces et tes défis que tu pourras nourrir ton estime et la faire grandir. Feinter un soi idéal te ferait au contraire sentir vide, hypocrite et insécure. Tu es toi, tu es unique et c’est parfait comme ça.
- Face à la critique ou devant un échec, prends un peu de recul. Cela te permettra de te demander quels apprentissages tu peux faire de cette situation et de quelle manière tu souhaites saisir cette expérience pour évoluer, changer un comportement ou t’aimer davantage.
- Entoure-toi de personnes inspirantes et valorisantes qui te respectent et t’aiment comme tu es. Cela s’applique aussi aux pages et personnalités que tu suis sur les réseau sociaux. Assure-toi qu’elles te font du bien.
- Considère la globalité de ta personne. Tu n’es pas que ton enveloppe corporelle, tu n’es pas qu’une médaille, tu n’es pas qu’un diplôme.
L’auto-compassion pour nourrir son estime de soi
Tout comme l’estime de soi, l’auto-compassion est un concept lié à la perception de soi. Une personne qui pratique l’auto-compassion développe une estime de soi plus stable et résiliente, moins dépendante du regard des autres. Mais, comment? Faire preuve d’auto-compassion consiste à s’accorder bienveillance et compréhension face à l’échec ou aux imperfections. Plutôt que de se juger sévèrement, elle encourage une attitude de gentillesse envers soi-même, en reconnaissant que l’erreur est humaine. Jette un coup d’œil à cet article pour en savoir plus sur ce concept et savoir comment le pratiquer.
Des services dans ton établissement ?
Si tu souhaites obtenir l’aide d’un.e professionnel.le, saches que la plupart des cégeps et universités offrent divers services de soutien à leur population étudiante. Jette un coup d’œil à cette page pour connaître ceux qui sont disponibles dans ton établissement.
Références
Tel-Jeunes. (2023) C’est quoi l’estime de soi?
Tout le monde à des bas. (2021) 6 façons de cultiver l’estime de soi
Université de Sherbrooke. (2019) Estime de soi
Centre d’innovation en santé mentale sur les campus. Le phénomène de l’imposteur
Gouvernement du Québec. (2023) Image corporelle
Jeunesse j’écoute. (2023) Qu’est-ce que l’image corporelle et pourquoi cette notion est-elle importante ?
Université McGill (2023). Autocompassion : accordez-vous un moment de répit
Crédits
Illustration : Mario Fontaine
Contribution à l’article ;
- France Landry, psychologue
- Isabelle Queval, psychologue
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